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Quand la ville de Sherbrooke bat au rythme de la rentrée...

...quelque part à la fin du mois d'août...

Dès l'automne, les étudiants sont nombreux à se donner rendez-vous à la salle d'étude de la Brûlerie de café, rue Wellington. Ils peuvent naviguer gratuitement sur Internet grâce au projet ZAP Sherbrooke.
Dès l'automne, les étudiants sont nombreux à se donner rendez-vous à la salle d'étude de la Brûlerie de café, rue Wellington. Ils peuvent naviguer gratuitement sur Internet grâce au projet ZAP Sherbrooke.

Josée Labrie

Dans son appartement de la rue Galt Ouest, une jeune fille originaire de Chambly jette un coup d'oeil au plan de cours qui traîne sur la table de la cuisine. «POL 113» : Histoire des idées politiques. Platon, Machiavel, Marx. Le cours promet d'être intéressant. Son œil s'attarde sur la liste des travaux demandés. Le professeur demande «une réflexion intégrée». «Mais de quoi peut-il bien s'agir?» se demande-t-elle.

Non loin de chez elle, Isabelle Rioux, la gérante d'un marché d'alimentation, inspecte les allées une dernière fois avant d'aller dîner. Elle veut s'assurer qu'elle ne manquera de rien. Déjà, les étudiants ont commencé à fréquenter son commerce en plus grand nombre. Bientôt, ils déferleront en hordes, en quête de nourriture vite faite, bien faite.

Pour sa part, son collègue de la pharmacie d'à côté se demande s'il ne manquera pas de crème à raser et de paquets d'épingles à couches. Chaque rentrée apporte son lot d'initiés bariolés, déguisés, parfumés. «Les épingles à couches sont difficiles à trouver depuis qu'elles ont été remplacées par le velcro», explique-t-il à un commis.

Un peu plus loin sur le campus, au sortir de la piste d'athlétisme, une coureuse reprend son souffle. Devant elle, le spectacle est magnifique : les Appalaches découpées au couteau, un contraste bleu sur bleu, une ligne ondulée en guise de démarcation, un léger filet entre le ciel et les montagnes. «Cet endroit est béni des dieux», se dit-elle en reprenant la course à petites foulées.

Près de la fontaine, devant le pavillon central, une dizaine d'étudiants se sont rassemblés autour d'un djembé. Pour l'instant, personne ne se connaît, mais tout le monde ondule au diapason. L'air est bon, et le soleil, de plomb. Dans quelques instants, les danseurs se dirigeront vers les terrasses, question de profiter au maximum de l'été qui n'en a pas vraiment été un.

Insensible à la musique, un Gaspésien contemple les boîtes qui jonchent le sol de sa chambre. Un doute l'envahit. Aimera-t-il sa nouvelle vie en résidence? Il pose la main sur son ordinateur. Le voilà rassuré. Dans quelques instants, il le branchera. Un premier courriel aux amis, puis à maman. Après tout, il s'apprête à vivre son rêve : étudier en génie. La vie est belle!

Face aux résidences, dans le Pavillon multifonctionnel, les employés de la coopérative s'affairent à vider les caisses de matériel qui n'en finissent plus d'arriver depuis des semaines. Michel Desjardins, le directeur, est légèrement anxieux : il s'attend à ce que ses employés opèrent quelque 1200 transactions par jour pendant plusieurs jours. Et au suivant!

À quelques kilomètres de là, au centre-ville, les bars et les restaurants accueillent les nouveaux clients. Une dizaine de milliers de nouveaux arrivants, ça ne change pas la vie, mais ça l'anime. «À cette période de l'année, le centre-ville rayonne d'une énergie un peu folle, ajoute Sylvain Yargeau, un commerçant de la rue Frontenac. J'aime cet effet de nouveauté. Ça fait du bien!»

Quelques rues plus loin, tandis que deux étudiants traversent la chaussée en portant à bout de bras un divan-lit, un nouveau locataire de la résidence l'Estudiantine pose ses huit sacs d'épicerie et souffle un instant avant de grimper les trois étages qui le séparent de son appartement. Si au moins ses colocs étaient là pour lui ouvrir! Il ne le sait pas, mais ses amis sont près de là, à l'angle des rues King et Wellington, déguisés en bébés. Portant fièrement une grande couche rose et un bonnet vert fluorescent, ils arrêtent les automobilistes pour leur réclamer quelques pièces de monnaie.

Finalement, ils ont trouvé des épingles à couches à la pharmacie. Devant ce spectacle singulier, des passants ne peuvent s'empêcher de lancer : «Bonne rentrée!»